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Comptant parmi ses chefs d’œuvre des Primitifs flamands, des expressionnistes, des maîtres de renommée mondiale et les plus grandes collections James Ensor et Rik Wouters au monde, le KMSKA a fait peau neuve.
Fermé en 2011, plus de dix années ont été nécessaires pour démolir, agrandir et restaurer le bâtiment avec la rénovation la plus spectaculaire de son histoire.
Aujourd’hui, on redécouvre l’architecture du XIXe siècle dans toute sa splendeur en bénéficiant d’espaces supplémentaires. Dans les quatre anciens patios intérieurs, un tout nouveau volume muséal a vu le jour. Le bureau d’architectes hollandais KAAN Architecten (https://kaanarchitecten.com/) est à la base de cette métamorphose impressionnante.
En entrant, le visiteur a le choix entre 2 directions: les salles historiques avec les maîtres anciens et des œuvres datant d’avant 1880 ou la nouvelle partie avec les iconoclastes modernes et leurs œuvres réalisées après 1880.
Entre ces 2 univers, l’aile Ensor avec la plus grande collection au monde du peintre belge.
La nouvelle collection permanente du musée compte plus de 650 œuvres d’art sélectionnées soigneusement parmi les 8400 pièces présentes au musée actuellement.
LA COLLECTION
Le musée a acquis, hérité, reçu, notamment de la guilde de Saint-Luc ( organisation corporative strictement réglementée de peintres, de graveurs, de sculpteurs et d’imprimeurs de la Renaissance, active depuis le XIVᵉ siècle en Italie, aux Pays-Bas, les pays rhénans et la France) et de l’Académie d’Anvers une série d’œuvres phares.
Le Musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam, fermé actuellement pour rénovation a prêté pour cinq années huit chefs d’oeuvre de Salvador Dalí, Jean-Michel Basquiat, Peter Paul Rubens, Oskar Kokoschka, Jan Toorop, Marcel Broodthaers, Eugène Delacroix et Bill Viola qui intensifient à merveille l’impact des thèmes des salles.
De plus, le musée peut continuer son développement international grâce à la générosité de collectionneurs privés: ainsi Anish Kapoor, l’artiste indien, Anselm Kiefer, l’artiste allemand, Marlene Dumas, l’artiste néerlandaise issue d’Afrique du sud peuvent émerveiller le visiteur avec leurs oeuvres monumentales.
Fermé en 2023 également pour de grands travaux, le musée Rubens est invité au KMSKA avec Pierre Paul Rubens, Jacob Jordaens, Anthony Van Dyck qui viennent compléter la collection.
Dans les dix nouvelles salles contemporaines, vous découvrirez la plus grande collection au monde de James Ensor ainsi que des œuvres de Rik Wouters, Magritte, Modigliani et bien d’autres.
© Karin Borghouts
FAÇADES & JARDINS
Dans la foulée de la restauration intérieure du musée, les facades ayant subies une usure avec le temps ont entièrement été restaurées à partir de 2016 , elles ont retrouvés leurs teintes d’origine aux nuances de rose, gris, jaune, orange et bleu.
Dans le jardin – véritable oasis de verdure et lieu de paix au sein du quartier animé ‘t Zuid – trônent d’impressionnantes sculptures dont celles de Bert De Leeuw, le sculpteur belge.
© Karin Borghouts – Bert De Leeuw, sculpteur belge
L’ATELIER DE RESTAURATION – STUDIO RUBENS
Un des seuls musée flamand à disposer de son propre atelier de restauration, certaines interventions ayant lieu dans des parties accessibles, derrière des parois vitrées peuvent être suivies par les visiteurs.
Certaines toiles de Rubens, trop grandes pour y être déplacées bénéficient d’un traitement de restauration dans un espace nommé le Studio Rubens; on y remarquera “La Vierge trônant entourée de saints” à qui les restaurateurs redonnent son éclat de jadis.
A voir pour le moment: l’impressionnante sculpture de plexiglas, acier inoxydable et crochets en S, haute de 14 mètres située au centre de la salle Keyzer, allant du sol au plafond.
Le duo Carla Arocha – Stéphane Schraenen ( https://arocha-schraenen.com/) relèvent le défi avec cette dynamique installation.
Arocha & Schraenen, Mechelen Marauder, 2014, La salle Keyzer du KMSKA
Le musée, très dynamique propose de nombreuses activités : Les Dix, voyage d’exploration muséale pour petits et grands créé par Christophe Coppens, un espace de dessin, un atelier de dessin guidé par des plasticiens, une application multimédia, une application GPS pour être guidé dans le musée, des nocturnes le jeudi soir, une boutique, le Madonna Grand Café (https://madonna-antwerp.be/) , très bel endroit à Anvers pour luncher qui se transforme en restaurant le soir.
EXPOSITION EN COURS jusqu’au 18 août
JEF VERHEYEN – FENÊTRE SUR L’INFINI
(https://www.jefverheyen.com/)
Rétrospective du peintre expérimental anversois Jef Verheyen; né dans les années trente, trop méconnu, et avec lui, retour de l’avant-garde flamande.
Peintre, dessinateur mais aussi céramiste à ses débuts.
Cet artiste pose son regard sur un monde intérieur, l’infini, la spatialité.
Dans les années soixante, il fait une rencontre qui sera déterminante avec Lucio Fontana.
Jef Verheyen, Diamant I Zwevende Ruimte, 1984, collectie Jef Verheyen Archief © SABAM Belgium 2024, foto Axel Vervoordt Gallery
Degré de précision et finesse, à la recherche de la quintessence de la peinture, lumière et couleurs; les grandes salles aux murs blancs immaculés mettent en valeur ses toiles.
Jef Verheyen @Fille Roelants
Jef Verheyen @Fille Roelants
PROCHAINEMENT : du 28 septembre au 19 janvier 2025
ENSOR, RÊVES FANTASQUES
Masks confronting death – James Ensor, Masks Confronting Death, 1888, MoMA, New York
À l’automne 2024, James Ensor investira le KMSKA avec l’une des plus grandes expositions belges qui lui sera consacrée depuis 1999. L’exposition nous plonge dans l’univers onirique d’Ensor, empreint de visions sauvages, de masques et de satire.
Disposant de la plus importante collection d’Ensor au monde et abritant également le Projet de recherche Ensor (Ensor Research Project) dédié au maître moderne, le musée est ainsi le lieu par excellence pour présenter la vision globale sur l’artiste qu’offre l’exposition.
Ensor fut particulièrement ambitieux. Son objectif : devenir l’artiste d’avant-garde incontournable en Belgique. Il introduit à cet effet l’impressionnisme français dans son œuvre. Malgré le peu de connaissance de leur technique, Ensor développe dans les années 1880-1885 sa propre version, plutôt inspirée par le réalisme de Courbet et de Raffaëlli. À cette époque, il peint des œuvres telles que “Le salon bourgeois” et “La mangeuse d’huîtres”.
The Oyster Eater, James Ensor, Collection KMSKA – Flemish Community
En 1887, Ensor entame une nouvelle aventure artistique. Il peint Adam et Eve chassés du Paradis terrestre et dessine La Tentation de Saint Antoine (Art Institute Chicago).
The Temptation of Saint Anthony, James Ensor, The Art Institute of Chicago, Regenstein Endowment and the Louise B. and Frank H. Woods Purchase Fund
Adam and Eve Expelled from Paradise, James Ensor, Collection KMSKA – Flemish Community
Les couleurs, directement sorties du tube, s’appliquent pures, sur la toile, gagnant en force par une infinité de nuances. Son goût pour la fantaisie se traduit par une imagerie grotesque et inquiétante. L’artiste jongle avec des créations hilarantes et infernales à la fois, à l’image de nos rêves les plus fous.
La quête d’Ensor pour marier en permanence l’ hilarant et le macabre culmine dans sa contribution la plus saisissante au modernisme naissant. Ensor commence à peindre d ‘irréelles créatures masquées. Les masques dévoilent chez lui la nature profonde de l’homme, et c’est bien là où il se révèle novateur.
L’œuvre d’Ensor est imprégnée d’ « incohérence », de « fumisterie » et diverses formes d’humour moqueur, très en vogue dans les cercles bruxellois et parisiens.
L’exposition montre un Ensor au sommet de son art satirique.
Self-portrait with Flower Hat, James Ensor, Mu.ZEE Ostend, ©Adri Verburg