Dans cet appartement entièrement rénové par l’architecte Bruno Tarsia, une ambiance contemporaine, adoucie par une gamme de couleurs en demi-teintes.
Lové dans l’écrin d’un immeuble construit dans les années 1930, cet espace, situé dans le quartier de la République, à Milan, a trouvé une nouvelle identité alliant élégance raffinée et surprises esthétiques. Le choix de matériaux sophistiqués, l’intégration de mobilier sur mesure, associé à des pièces maîtresses de design, l’usage de finitions et de détails luxueux, bien maîtrisés, composent sa personnalité singulière. Derrière ses portes vitrées coulissantes (notre photo), la salle à manger accueille la table sculpturale Gong (création Andrea Parisi, Meridiani), surmontée de la suspension Cirque Chandelier Pivot (Giopato & Coombes) et entourée par les chaises Murena (création Lazzarini & Pickering, Marta Sala Éditions). Au premier plan, la ponctuation inattendue du banc Sigmund (création Studio Asaï, Arflex) ajoute une note colorée.
Le salon a été partiellement meublé avec des pièces sur mesure, mariées à des créations incontournables provenant d’éditeurs majeurs : canapé de Meridiani, paire de fauteuils de Gallotti & Radice, bibliothèque Infinito (création Franco Albini et Franca Helg, Cassina), lit de repos d’Arflex, lampes de Giopato & Coombes et la table basse Bow Coffee, avec plateau en marbre (création Guilherme Torres, ClassiCon) : Les créations ont été rigoureusement sélectionnées pour dialoguer harmonieusement. Un coin convivial a été aménagé avec le canapé Prince (création Andrea Parisio, Meridiani, réchauffée avec des coussins en tissu (modèle Les Intrigues, création Bruno Tarsia, l’Opificio). Les murs recouverts de panneaux reliéfés avec effet cannelé s’associent au motif à chevrons du parquet en chêne : Une élégance subtile typiquement milanaise !
Les zones de communication ont été mises en valeur pour ne plus jouer le rôle de simples passages secondaires. Elles ont été remodelées pour accentuer la fluidité de l’espace et les transformer en véritables espaces à vivre, dotées de rangements et d’éclairages, palliant au manque de lumière naturelle. « Le hall d’entrée, un volume souvent négligé ou considéré comme superflu, a été conservé et agencé pour devenir un élément clé de la circulation, articulant et reliant toutes les autres pièces. Stratégiquement positionné, il est devenu le point central où convergent tous les espaces », explique Bruno Tarsia, qui a établi une cohérence et un équilibre entre les différentes zones de vie de l’appartement. Les murs du grand hall d’entrée sont nappés du papier peint Front View (création Bruno Tarsia, Londonart). Cet espace offre un accès direct à l’espace nuit, conduisant naturellement et intuitivement les pas des occupants vers la zone de repos et de détente. Et le spacieux couloir, dissimulant de grands placards, avec l’illusion d’un effet de miroir, dessine un fil conducteur entre le grand dressing rutilant et la chambre principale.
La cuisine a été imaginée par Bruno Tarsia. Elle se singularise par un ingénieux système d’armoires murales, intégrées dans des boiseries et dissimulant un espace très fonctionnel. Ses portes escamotables n’encombrent pas l’espace et l’ordre est astucieusement sauvegardé. Le plan de travail en quartz ajoute une touche minérale à l’environnement. La plaque de cuisson à induction (Miele) y affleure discrètement. L’espace est éclairé par les suspensions lumineuses Zé, inspirées par la géométrie de l’Art Déco (création Atelier de Troupe). Dans cette cuisine, qui ne ressemble pas à une cuisine classique, des tabourets à l’assise et au dossier recouvert de tissu rembourré (Modèle Precius, création Johannes Torpe, Moroso) imposent leur piètement minimaliste et gracieux en acier peint. Côté couleurs, un camaïeu reposant de tons neutres, beige, écru, grège, blanc cassé… enveloppe de douceur l’espace, baigné par la lumière naturelle d’une grande fenêtre.
La propriétaire, Luisa Galbiati, évoluant dans le milieu de la mode, souhaitait donner à son intérieur, une touche féminine, sans tomber dans la banalité. Elle rêvait d’une chambre cosy et intimiste, capable de créer une ambiance de boudoir moderne. Les murs ont été recouverts de soie peinte à la main. « Pour la zone nuit, j’ai préféré les tons doux d’un vert ». Ce revêtement, émaillé d’un délicat motif de fleurs de cerisier, offre sa poésie japonisante. Il favorise la tranquillité et le bien-être. Le lit est enveloppé dans une harmonie de couleurs à tendance pastel. La pièce est meublée avec le fauteuil D.154.2 de Gio Ponti. Ce modèle de 1956, réédité chez Molteni & C., a reçu le Compasso d’Oro, cette année. A ses côtés, la lampe Bilia, également dessinée par ce maître milanais pour FontanaArte. Deux icônes du design italien !
Bruno Tarsia met en avant l’entente cordiale qui a accompagné le projet, l’architecte et sa cliente partageant des goûts similaires : « Ma cliente m’a fait entièrement confiance. Dès le départ, nous avons évoqué notre passion commune pour les matériaux nobles, les couleurs très travaillées. L’agencement préexistant a été complètement bouleversé pour créer une nouvelle donne, capable de mettre en valeur la beauté et la fonctionnalité de chaque espace ».
Concernant le choix des couleurs, il évoque ses influences : « Je me suis inspiré de la nature pour créer une ambiance accueillante. Dans toutes les espaces de vie, j’ai gardé une base neutre mais j’ai ajouté des accents de tons plus vifs pour créer des décalages chromatiques ». La présence de nuances légères de doré léger, d’accents de laiton et de bronze, participe également à créer une ambiance de luxe discret. Dans le salon, Bruno Tarsia a aussi conçu un meuble particulier : il se présente tel un mur avec un grand tableau qui monte et qui descend pour dissimuler la télévision.
Dans cet appartement d’environ 200 m2, la salle de bain principale joue sur les notes contrastées d’un duo en noir et blanc, avec un décor géométrique à effet optique. Le calepinage du carrelage a été composé à partir de deux marbres italiens : Nero Marquina et Blanco Carrara. La baignoire immaculée (Modèle Spoon XL d’Agape) s’associe à une robinetterie en métal brossé noir (Modèle Pan, Zucchetti). Le meuble à deux vasques (modèle Lariana, création Patricia Urquiola, Agape) avec sa façade reliéfée, recouverte de baguettes semi-circulaires, a été dessiné par l’architecte. Quant à la salle de bain des invités, elle s’impose comme un véritable joyau, entièrement nappée de pierre d’amazonite, déclinant une merveilleuse palette de nuances de vert. Au centre de cet écrin, hommage à la beauté intemporelle de la nature, une vasque (modèle Bjhon, chez Agape) imaginée par Angelo Mangiarotti, en 1970 (brunotarsia.com).