Comment votre carrière a-t-elle débuté ? Qu’est-ce qui vous a attiré dans la profession de designer ?
« Mon frère aîné a étudié l’architecture à l’École supérieure des Arts Saint-Luc à Liège. Comme j’ignorais ce que je voulais faire, je lui ai emboîté le pas. À mes yeux, l’architecture a toujours semblé un peu trop technique, mais je pensais que le design de produits était une voie alternative intéressante. Ce qui me plaît aussi, c’est que l’on peut voir le résultat final beaucoup plus rapidement qu’avec les projets d’architecture. »
À ce jour, quels ont été les moments forts de votre carrière ?
« J’ai vécu à Milan pendant plusieurs années alors que je travaillais pour le cabinet d’architecture et de design Matteo Thun, qui possède un important département de design de produits. J’y ai passé de très bons moments. Milan est non seulement la capitale du monde du design, mais c’est aussi une ville merveilleuse à vivre. Le temps que j’ai passé avec Vincent Van Duysen m’est également très cher. »
Comment vous êtes-vous retrouvé à travailler pour Vincent Van Duysen ?
« Les projets d’architecture et d’intérieur de Vincent avaient été une grande source d’inspiration pour moi. Aussi, lorsque j’ai rencontré son bras droit dans un bar de Milan, je lui ai dit que j’aimerais beaucoup travailler pour lui. Mais à l’époque, VVDA n’avait pas encore de département de design de produits. Peu de temps après, ils ont eu besoin de quelqu’un pour diriger leur équipe de design de projets. J’ai commencé à y travailler et ce fut une parfaite osmose. J’ai travaillé pour Vincent pendant huit ans en tant que responsable du département de design de produits. C’était une période très intéressante et agréable. J’ai beaucoup appris au cours de mon passage à VVDA. »
Certains projets vous ont-ils marqués ?
« Chez Matteo Thun, j’étais responsable de Zwilling, une entreprise allemande bien connue, spécialisée dans les articles de cuisine. Lorsque je travaillais chez VDDA, nous avons collaboré avec de grandes marques italiennes telles que B&B Italia, Poliform et Molteni&C., des partenariats dont je suis assez fier. »
Pourquoi avez-vous finalement choisi de créer votre propre studio de design ?
« Créer ma propre entreprise a été un choix très difficile, car VVDA me convenait très bien. Cependant, l’année dernière, année de mes quarante ans, je me suis demandé si je voulais toujours continuer à travailler pour quelqu’un d’autre ou s’il était peut-être temps de créer ma propre entreprise. À cinquante ans, je n’aurais plus eu l’énergie pour le faire, mais aujourd’hui, j’ai encore l’endurance nécessaire pour franchir ce grand pas. Au cours des deux dernières années, j’ai également travaillé sur des projets pour Duravit et Serax, parallèlement à mon travail pour VVDA. En mars dernier, le grand lancement de la collection Duravit a eu lieu et c’est à ce moment-là que j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière dans l’entreprise de Vincent. On peut dire que l’année 2021 a été un véritable tournant pour ma carrière. »
Quelle est votre vision du design ? Selon vous, qu’est-ce qui fait un bon design ?
« Je préfère les designs non compliqués, mais pas minimalistes pour autant. Je pense que le design doit avoir une certaine chaleur et doit évoquer des souvenirs. Mon ambition a toujours été de développer un produit intemporel, qui résiste à l’épreuve du temps. Si j’y parviens, j’ai atteint mon objectif. »
Quelles influences ont forgé votre style ?
« Comme j’ai toujours travaillé pour des cabinets d’architecture, je n’imagine pas seulement un produit sur un fond blanc, mais j’essaie aussi de l’envisager dans le contexte d’une maison ou d’un intérieur. Cette approche joue certainement un rôle important dans mon travail. Mais je puise mon inspiration dans de nombreux sujets, allant de l’architecture à l’art, en passant par l’intérieur. En tant que designer, il est important de faire preuve de curiosité et d’ouverture d’esprit. »
À quoi ressemble votre processus de création ?
« La façon de travailler qui me plaît le plus est celle où un client a un problème clairement défini. Recevoir carte blanche ne me convient pas, je préfère commencer avec un besoin spécifique et un client qui recherche une solution. Bien sûr, cela dépend aussi des entreprises avec lesquelles vous collaborez et de l’orientation qu’elles préfèrent prendre. Mais le moment où vous réussissez à créer quelque chose à partir d’une feuille blanche est toujours un événement très intéressant pour moi. »
Quels sont les designers que vous admirez ?
« J’apprécie les designers qui réussissent à créer des designs intemporels, comme le designer de produits britannique Jasper Morrison. De nombreux architectes italiens des années 1970 sont également une grande source d’inspiration. »
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos plus récents lancements de produits ?
« La collection Cose de Serax a été lancée cette année. La ligne se compose d’accessoires de salle de bains, mais vous pouvez également utiliser les petites assiettes pour servir des apéritifs. En mars dernier, la collection de salles de bains Neo-D de Duravit est sortie, avec un lavabo et une baignoire autoportante. Et très récemment, Maison et Objet a présenté la collection de mobilier de jardin de Vincent Sheppard, composée de diverses chaises, canapés et tables en teck et corde. »
Qu’est-ce qui est à l’ordre du jour dans un avenir proche ?
« Le fruit d’une collaboration avec Bodart & Gonay, en fin d’année, qui se matérialisera par trois barbecues différents. Je travaille aussi actuellement avec Noël & Marquet, une entreprise qui produit des éléments d’intérieur tels que des panneaux muraux et des lambris. Je travaille également sur quelques projets avec des marques allemandes et italiennes, mais je ne peux pas en dire plus pour le moment. »