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Située dans la vallée de l’Ourika, dans la région de Marrakech, cette maison imaginée par les architectes du Studio KO fusionne avec le site naturel. Tel un « monolithe posé sur le flanc nord d’une longue colline », le dessin aux lignes essentielles de cette bâtisse contemporaine prend racine dans les techniques de construction locales traditionnelles séculaires. Le travail de l’espace, de la lumière et des matières compose ses points forts. Les pierres des parois extérieures ont été ramassées, une à une, à dos d’âne, dans les environs. Elles habillent sa structure en béton armé. Les artisans ont inséré une forme ronde, en guise de signature dans leur appareillage. La couleur rouge, on la retrouve à l’intérieur, nappé de briques en terre cuite, de facture industrielle. Le salon, avec son sol en ardoise marocaine, est marqué par la présence d’un espace de rangement, en forme d’alcôve, qui a été façonné avec des tasseaux en bois de noyer dans un encadrement en tôle d’acier brut.
Une vue à couper le souffle
L’édifice, composant un socle pour profiter pleinement du paysage, est marqué par une porte en acier clouté. Derrière, se déploie un hall d’entrée aérien. Son volume est réparti sur une double hauteur. Côté nord, un imposant mur protège des fronts froids. La légèreté de l’espace intérieur contraste avec la radicalité de la façade, quasi opaque, fendue par une simple meurtrière vitrée. Située à l’intersection de deux murs aveugles, elle figure une entaille de lumière. Chaque pièce cadre une vue différente sur le paysage, point de départ de ce projet visionnaire. Les courbes des vallées, capturées par les baies vitrées, contrastent avec les arêtes vives et anguleuses de la maison. La vue à 360° donne une sensation de vertige. Le salon est conçu comme une salle de cinéma panoramique dévoilant la majesté du Jebel Toubkal, plus haut sommet des montagnes de l’Atlas. Et pour préserver cette terre berbère, des dispositifs écologiques ont été mis en œuvre. Les doubles murs isolants conservent naturellement la fraîcheur en été. Un système de récupération des eaux a été installé et l’eau chaude sanitaire est produite par des panneaux solaires.
Karl Fournier et Olivier Martry, créateurs du Studio KO, basé à Paris et Marrakech, associent à leurs projets architecturaux des créations exclusives de meubles et d’objets pour compléter les productions d’autres éditeurs et composer des espaces ancrés dans la culture du lieu. Le salon de cette maison interprète la tradition orientale sur un mode plus contemporain. Le sofa modulaire « Extra soft », création iconique d’Antonio Citterio pour Living Divani, s’insère parfaitement dans l’espace. Le sol recouvert d’un calepinage libre d’ardoises locales est réchauffé par un tapis marocain. Sièges en métal et cuir tressé « Peter » d’Antonio Citterio pour Flexform. Dans la salle à manger, chaise en noyer « Side » de Norman Cherner, éditée chez Flexform. Table « Mille Pattes, » dessinée sur mesure par Studio KO. Suspension lumineuse également imaginée sur mesure par Studio KO et réalisée par Myriam Rolland-Gosselin, souffleur de verre installé à Marrakech
Des matériaux naturels et authentiques
Dans la cuisine, l’îlot central est recouvert d’un enduit de Mortex (Beal). Au centre, robinetterie semi-professionnelle Joy CoCktail, chez Franke. Le vaisselier en noyer, toile de laiton et verre revisite l’idée d’un meuble d’office d’autrefois. Il a été conçu par Studio KO, qui intègre aussi des éléments d’art populaire. Les luminaires (marque Zangra) apportent une touche industrielle. Dans le salon s’ouvrant sur l’extérieur, un système de fenêtres sur pivot, mis au point par Studio KO, facilite l’aération naturelle des pièces. Fauteuil ovoïde suspendu, en rotin indien tressé, réédition du modèle Eureka, création Giovanni Travasa pour Bonaccina, en 1958. Tapis berbère en laine Beni Ouarain.
Les matériaux naturels et authentiques enveloppent la salle de bains des maîtres des lieux, au sol recouvert de dalles en marbre de Carrare. Une étagère en cèdre massif naturel fait office de rangement. La robinetterie encastrée, à la technique discrète, joue la carte du minimalisme (mitigeur mural Triverde chez Cristina Ondyn). Un enduit fin de Mortex® a été appliqué sur les murs, les parois de douche à l’italienne et la surface du lavabo, comme dans les autres salles de bains, au style inspiré par le hammam. Ce béton lissé et imperméable magnifie l’espace épuré qui se définit essentiellement par ses fonctions de bien-être. La sérénité de cette maison de vacances accompagnée d’écuries, située à 1050 m d’altitude, est aussi accentuée par la vision de la végétation sauvage, relativement préservée des touristes, car cette partie de la vallée n’est accessible que par des pistes empruntées par des randonneurs.
Mobilier réduit à l’essentiel
La surface de la maison totalise 1000 m2 habitables, sur deux niveaux. Le projet a été aussi mené par les chefs de projet, Nabil Afkiri, Ouafae Ibnobenaslam et Hayat Sadqi. Ils ont travaillé « entre pauvreté savante et luxe tamisé », pendant 4 ans. Le temps comme le passé sont les données irréductibles de cette réalisation. Les espaces privés des chambres ne dérogent pas à la charte d’humilité générique. Partout, le mobilier y est réduit à l’essentiel, car le décor est à l’extérieur, dans la contemplation de la nature originelle. Dans la chambre des enfants, les lits et les bureaux, situés derrière la tête du couchage, ont été dessinés par Studio KO. Les lampes Rocher, en résine et sable, en forme de pierre (création Pierre Cazeneuve pour atelier A) sont aussi un clin d’œil à la matérialité de cette construction, dont les auteurs ont aussi imaginé le musée Yves Saint Laurent de Marrakech, situé à proximité du jardin Majorelle.
En atteignant la piscine à débordement, conçue pour communier avec le paysage, la nature déploie son infinie beauté. La terrasse est recouverte de pierre noire d’Ourika qui s’associe au revêtement du bassin en Mortex® (réalisation Beal) de couleur anthracite. C’est là aussi que l’on peut se noyer dans un paysage à couper le souffle, allongé sur des chaises longues en feuilles de palmier tressées, fabriquées dans les environs. Côté technique, une pompe à chaleur assure le chauffage de la piscine. Tandis qu’une pompe de filtration, alimentée au solaire, garantit une eau limpide.