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L’éthique d’un concepteur hors pair
Concevoir une architecture de haute qualité pour tous
Stefano Boeri est l’un des dignes héritiers du mouvement utopique qui anime depuis plus de 40 ans l’industrie du design et ses éditeurs comme Zanotta, dont le succès est toujours d’actualité. Cet homme, qui est à l’origine de l’une des plus incroyables architectures contemporaines à voir bientôt le jour en Belgique, exerce son métier avec réflexion, audace et l’envie de révolutionner les standards de l’habitat.
Enfant des années soixante, Stefano Boeri a la fibre créatrice depuis son plus jeune âge. Il est le fils de la designer et architecte Cini Boeri, contemporaine du designer Marco Zanuso, avec qui elle a débuté. Celle-ci est célèbre pour être la créatrice du fauteuil Ghost (1987). Une pièce intégralement produite en verre trempé, totalement transparente. Une icône en son genre qui demeure présente des collections du MoMA de New York et fabriquée artisanalement par la marque FIAM (Fiam Italia).
En 1980, Cini Boeri énonçait dans son propre manifeste de design : « Afin d’éviter que les gens ne soient encadrés à l’intérieur de pièces qui ne leur conviennent pas, nous devons commencer à concevoir à partir de zéro sur la base d’une analyse de leurs besoins actuels. » Désormais, l’œuvre de Stefano Boeri répond à cette exigence. Elle fait sortir le monde de l’architecture du cadre traditionnel pour lui donner de toutes nouvelles mesures, en lien avec les attentes du public en termes de prestations mais aussi de durabilité. Ses bâtiments ont ainsi une haute valeur architecturale et environnementale et une dimension universelle.
Penser et bâtir engagé
Stefano Boeri est diplômé de l’École polytechnique de Milan, où il a tenu ses premières classes en tant que professeur de projets en urbanisme. Depuis 1993 et la fondation de son agence d’événements culturels Multiplicity, il collabore en tant que commissaire d’exposition avec des manifestations de référence telles la Biennale d’architecture de Venise et la Documenta de Kassel en Allemagne, dédiée à l’art. En 2002, il y présente un programme marquant avec pour sujet les flux migratoires illégaux en Méditerranée, justement intitulé « Mutiplicité ».
Qu’il préside la Triennale de Milan, l’un des plus fameux design museum au monde, où qu’il dirige l’éminente revue de design Domus, Stefano Boeri questionne notre manière de vivre avec curiosité. Les réponses qu’il apporte en tant que curateur ou architecte en font l’un des porte-parole majeurs des évolutions et problématiques environnementales et sociétales.
Justice sociale et créativité vont de pair pour Stefano Boeri. Ses sources d’inspiration, qu’il partage volontiers au public, révèlent comment il pense. Le fameux siège Patrone (édité par Gufram) en est une. De cette reproduction surdimensionnée d’un carré d’herbe verte, créée par les architectes Giorgio Ceretti et Riccardo Rosso en 1971, il écrit : « Je crois que le grand succès de cet objet découle d’une certaine perplexité à observer la destruction de la nature ». De l’art du plasticien français Christian Boltanski, il se souvient de cette citation : « Un artiste est quelqu’un qui a une connaissance complète des règles de son temps et, en même temps, parvient à les contourner ou à les modifier »
Imaginer autrement l’immeuble de demain
L’activité de renommée internationale entreprise par Stefano Boeri Architetti est le résultat du mode de pensée de son fondateur et directeur Stefano Boeri. Il définit de nouvelles règles avec une responsabilité d’ordre écologique : réhabiliter et rénover l’existant ou bâtir de nouvelles constructions quand cela est nécessaire. Biodiversité et urbanisme stratégique, propriété et logements sociaux, les contraires s’assemblent dans les idéaux de la firme basée à Milan en Italie, à Shanghai en Chine et à Tirana en Albanie. Une agence sœur pour l’architecture d’intérieur, Stefano Boeri Interiors, a aussi été créée face à la demande croissante pour un design intérieur et des aménagements à la fois modernes et écoresponsables.
L’aspect ludique de sa pratique a aussi pu être observée lors de l’exposition « Nous les Arbres » à la Fondation Cartier, le centre d’art à l’architecture de Jean Nouvel. Au cœur de plus de 200 œuvres d’une trentaine d’artistes internationaux, l’installation vidéo de Stefano Boeri Architetti, réalisée avec le philosophe Emanuele Coccia, résumait les possibilités d’implantation de son concept d’immeubles dit « forêts verticales » dans le monde entier. Pour Stefano Boeri et son équipe, l’urbanisme et l’art de vivre se doivent d’être en relation directe avec le monde végétal et tout particulièrement les arbres, sujets à la déforestation massive.
Réalisations et défis de Stefano Boeri Architetti
Une extraordinaire « forêt verticale » pour modèle
Près de 20 000 arbres et arbustes recouvrent les deux tours résidentielles de 18 et 26 étages appartenant au complexe de Bosco Verticale (littéralement « forêt verticale »), réalisé par le studio d’architecture de Stefano Boeri à Milan. Cet immeuble d’habitation inauguré en 2014, après cinq années de politique active pour son implantation et de construction, est exemplaire. Il a été auréolé de récompenses d’excellence dans le secteur du bâtiment comme le « Best Tall Building Worldwide » du CTBUH (Council on Tall Buildings and Urban Habitat). Cette prouesse sortie de terre dans la ville plus industrialisée d’Italie est liée à trois projets d’envergure pour Stefano Boeri Architetti :
- un mouvement mondial qui vise à considérer l’arbre comme un être humain à part entière et un acteur de la révolution écologique, un « partenaire actif de la ville du futur » (sic) ;
- le programme Forestami, qui veut faire de Milan « la capitale verte de l’Italie » et qui prévoit « l’habitation » de trois millions d’arbres dans la ville d’ici 2030. L’objectif est d’assurer la diminution de l’effet de l’îlot de chaleur urbain avec une réduction des températures jusqu’à deux degrés et une absorption jusqu’à cinq millions de tonnes d’émission de dioxyde de carbone (CO2) par an » selon Stefano Boeri Architetti ;
- la construction de plusieurs forêts verticales sur le modèle de son homologue milanais, dont celles à Cancún au Mexique, à Nankin en Chine ainsi qu’à Eindhoven et à Utrecht aux Pays-Bas.
La construction du Palazzo Verde, la tour la plus « verte » de Belgique
Les innovations apportées par le futur immeuble-forêt de Stefano Boeri à Anvers — un emblème progressiste pour cette ville et son nouveau quartier Nieuw Zuid — sont nombreuses. Pour les acheteurs et les investisseurs belges à la recherche de bâtiments résidentiels neufs et de qualité qui ont du sens, ce programme immobilier présenté comme à la fois accessible et haut de gamme s’annonce comme un must. Les 67 appartements du Palazzo Verde sont le résultat de la théorie verte signée Stefano Boeri qui a fait ses preuves et qui est appréciée mondialement, ainsi que d’une très belle originalité formelle qui donne la première place à l’outdoor.
Parmi les nombreux avantages des logements du Palazzo Verde, sont à noter :
- des façades avec de multiples balcons et loggias qui prolongent l’espace : une symbiose totale entre intérieur et extérieur ;
- 86 espèces d’arbres locaux et 2 200 arbustes pour 780 mètres carrés de surface verte au total ;
- un espace commun et protégé accessible à tous les résidents directement depuis leur logement.
Ce développement urbain de 80 mètres de hauteur et de 24 étages est attendu comme la pièce maîtresse du Nieuw Zuid. Situé entre le fleuve de l’Escaut et le nouveau Palais de justice d’Anvers, ce nouveau quartier comporte d’autres réalisations d’étoiles de l’architecture et du design contemporain comme Vincent Van Duysen et les belges Paul Robbrecht et Hild Daem de Robbrecht en Daem.