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Du Street Art à l’Art Public: le désir ardent d’Arne Quinze de s’exprimer artistiquement
Arne Quinze naît en 1971 en Région flamande et passe son enfance au milieu de la campagne et de la nature. En 1980, après le divorce de ses parents, il suit sa mère et déménage à Bruxelles. Il découvre une ville grise, pleine de béton, presque sans âme… Une grande déception pour lui, mais qui finalement le conduit vers le monde de l’art. C’est durant cette période, à l’âge de 14 ans, qu’il commence à graffer et à redonner vie à la ville. Il tague des wagons, peint des trains, et surtout fait réagir ! C’est ainsi qu’il a le déclic de sa carrière d’artiste : il désire rassembler des gens et les pousser à communiquer.
Objectif atteint, puisque ses projets s’affichent dans les plus grandes villes du monde. Arne Quinze produit des constructions en bois, des sculptures, des peintures, des dessins, et autres installations à grande échelle… favorisant l’interaction sociale, l’urbanisation et la diversité. De Dubaï à Sao Paulo, il exprime artistiquement son optimisme en ce qui concerne la cohésion sociale.
De nombreux projets monumentaux lui ont permis de propulser sa carrière et de devenir une personnalité artistique d’envergure, notamment sa sculpture Uchronia dans le désert du Nevada. Un vaste assemblage de planches de bois, haut de 30 m et large de 60 m, à laquelle il a mis le feu en 2006 pour symboliser la transition, le renouveau.
À présent, il multiplie les projets, et expose ses œuvres dans de prestigieux lieux, dont le musée des Beaux-Arts Mons en 2021. En 2022, lors de la 59e Biennale de Venise, il inaugure sa dernière sculpture Lupine incarnant la puissance de la nature. L’artiste flamand est également l’invité d’honneur de la Brafa en 2022. Du 19 au 26 juin, il présentera des peintures, des sculptures, des installations sonores, sans oublier le design du tapis de cette édition : un parcours d’artiste prometteur.
Transformer l’espace public en musée à ciel ouvert
«Des villes comme des musées en plein air – cela ressemble à un rêve idéaliste, mais je m’efforce de réaliser ce rêve. Se confronter au quotidien à un public entouré d’art. L’art a une influence positive sur les gens et leur développement personnel: il élargit leurs horizons et les rend plus tolérants envers les différences de la société.»
L’artiste belge plaide pour que la culture ne soit pas cantonnée à l’intérieur, mais qu’elle se répande à l’extérieur afin que tous puissent se la réapproprier et bénéficier de sa beauté. Ses installations sont intégrées dans l’espace public pour intervenir dans la vie quotidienne. Ces dernières créent ainsi une autre dynamique de développement urbain. «Le territoire public doit pouvoir devenir un lieu culturel au sens le plus large.» Au début de sa carrière, il amorce sa quête de villes susceptibles de devenir des musées à ciel ouvert.
Quelques années plus tard, les gigantesques installations d’Arne Quinze fleurissent dans les centres-villes de Belgique, de France, d’Allemagne, du Brésil, des États-Unis ou encore de Chine; des œuvres publiques non conventionnelles défiant toute perception du paysage urbain. Parmi elles: The Sequence, une sculpture, tel un gigantesque pont en béton et bois orangé, de 80 m de long et 15 m de haut, représentant le mouvement de la ville et symbolisant la rencontre entre les différentes cultures (Bruxelles, 2008).
Les constructions et sculptures d’Arne Quinze naissent après de nombreuses rencontres avec la beauté débridée de la nature. Il se sert d’ailleurs de son jardin comme d’un modèle. À travers ses œuvres, l’artiste dépeint la société comme un échantillon de nature. Il défie la monoculture et appelle au maintien de la diversité et du pluralisme, à l’expérimentation et au métissage. «Au cours de mes nombreux voyages, j’ai remarqué que là où commençaient les monocultures, les champs de fleurs sauvages naturelles disparaissaient. Le magnifique lupin sauvage, lui-même victime de ces cultures, est devenu mon allié pour ramener la diversité dans notre société. Il pousse librement dans mon jardin au milieu d’autres fleurs sauvages et constitue ma source d’inspiration pour mes peintures à l’huile et mes sculptures en métal.»
Rassembler des gens, provoquer l’étonnement et susciter des réactions : objectif ultime de son art non conventionnel
En réconciliant l’espace public et la nature, en mêlant le beau à l’obscur ou encore en rompant avec les conventions de l’art urbain, Arne Quinze cherche à susciter des interactions. Les passagers s’arrêtent devant les œuvres, devenant spectateurs et partagent leurs émotions à d’autres: une cohésion naît. Ce public représente ainsi les planches de bois, utilisées pour la construction, qui avant l’installation étaient individuelles, puis liées forment un tout. Ce qui anime Arne Quinze est la croyance en une société idéaliste où chacun communique, partage et interagit.
Et pour mener à bien ce projet, il expose des installations aux formes organiques et couleurs explosives offrant de la gaieté. «J’aimerais que cela ait une vertu unificatrice.» Les principes essentiels récurrents dans son œuvre sont l’utilisation de bois et de teintes électriques, fluorescentes. L’artiste assemble alors le tout d’une manière précise. Chaque placement de planches est étudié pour rassembler les gens et créer des rencontres. Ses projets d’envergure sont ainsi conçus pour happer le spectateur.
L’artiste va même jusqu’à créer un sentiment de manque chez le public. Il cultive délibérément un art éphémère: «Le vide laissé après le retrait de l’installation est plus important que celui existant avant.» Au moment de son installation, l’œuvre subit des critiques positives et négatives, mais une fois appropriée, le public manifeste pour la garder.
En allant à l’encontre de la norme, Arne Quinze crée une ouverture, un dialogue vigoureux, ainsi qu’une passerelle entre différentes cultures et personnes.