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Une passion doublée d’un travail acharné
C’est l’époque où les artistes et le monde de l’art fréquentent les clubs et où tout était possible. Cette vie nocturne lui a permis de rencontrer Andy Warhol qui lui présente ses premiers artistes. Lentement la programmation s’étoffe mais faire venir les collectionneurs n’est pas aisé. Elle peut compter sur le soutien de Léo Castelli qui croit en son pari. Leila persévère à faire connaître des artistes du Moyen-Orient auxquels le marché ne porte que peu d’intérêts. Elle enchaîne les visites d’atelier de Paris à Londres afin de proposer une solide programmation d’expositions. De New York à Dubaï, reconnue désormais pour l’intelligence de ses choix, ses galeries sont une vitrine représentative de la scène artistique orientale.
Un concentré d’énergies
Il y a neuf ans, son choix d’ouvrir sa deuxième galerie dans cette ville en constante évolution a été influencé par l’ouverture de nouveaux espaces d’art et de maisons de vente. Le marché a pris conscience de la qualité des artistes de cette région. A nouveau, son dynamisme et son enthousiasme ont attiré le public et les collectionneurs locaux. Faire découvrir ses artistes à tous ceux qui poussent la porte de son vaste espace, située à Al Serkal Avenue où l’énergie créative circule librement, reste toujours un plaisir inégalé. Lorenzo Quinn, artiste bien connu de la Biennale de Venise pour ses installations spectaculaires, a présenté un solo-show en début d’année. A New-York, l’art est partout alors qu’à Dubaï, il existe un nouveau public qui a envie d’avoir accès à une culture artistique et aux savoirs qui en découle lorsque l’on a l’opportunité de fréquenter galeries et musées. Leila adore le challenge de transformer un visiteur en collectionneur averti. Cela rend sa vie de galeriste exaltante. Mettre en relation le curieux avec l’art de Moyen-Orient et l’art européen ou américain. Tisser des liens en se basant sur le dialogue, des conférences organisées ou des dîners privés qui rassemblent des visiteurs réguliers, amateurs et collectionneurs.
Soutenir la femme artiste
L’intelligence de Leila Heller est de mélanger les genres et les artistes. Le moderne côtoie l’ultra contemporain. Elle ouvre une parenthèse où l’influence du milieu côtoie l’influence de la religion. Toutes les nationalités sont représentées. La Corée, la Chine, l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh et l’Amérique Latine se confrontent à l’Europe et aux Etats-Unis. De part sa position de femme galeriste reconnue unanimement, elle emploie désormais son énergie à repérer et soutenir les femmes artistes. « Je vois plus de mise en valeur de femmes artistes ici au Moyen-Orient. Ici, le gouvernement souhaite qu’il y ait de bonnes galeries qui représentent des artistes dont le travail mérite d’être reconnu comme Marwan Sahmarani. Il apporte son appui à la nomination de directrice de musées, commissaires et donc de galeristes. Nous nous sentons soutenue ». Azza AL QUBAISI, sculptrice est un des talents que nous présenterons à la prochaine foire Abu Dhabi ART 2023.
Tarik Currimbhoy: L’émotion en mouvement
Leila Heller a rencontré Tarik Currimbhoy lors d’un dîner donné à l’occasion d’une exposition de groupe chez Sotheby’s New York qui rassemblait des artistes influencés par la géométrie asiatique et islamique. Cet artiste et architecte indien, insuffle de la précision dans son travail. Le fait que ses sculptures puissent être mises en mouvement le relie à l’art cinétique et à la grande figures de Jesùs-Rafael Soto. Le balancement invite à un moment suspendu. L’esprit se déconnecte du temps présent et vagabonde au rythme des oscillations. Les formes géométriques parfaites sont le fruit de calculs élaborés. La rigueur des gestes, présente dans le travail de l’acier ou du bois, mène à l’obtention d’une forme pure et simple. Quelque soit l’échelle, l’équilibre obtenu charme le cœur de celui qui prend le temps de l’admirer.
Arnaud Rivieren: cette étonnante beauté naturelle
Arnaud Rivieren, sculpteur belge basé à Dubaï, s’est intéressé à la réutilisation des déchets de l’industrie stockés dans les zones industrielles. Il porte un regard clairvoyant sur notre société de consommation et sur l’importance de célébrer la beauté naturelle qui nous entoure. Préserver le végétal est la priorité de notre monde mais cette déclaration doit englober l’ensemble du vivant et du non-vivant. Arnaud invoque le sublime pour célébrer, ici, la beauté d’une pomme. Le travail méticuleux de l’acier inoxydable rend hommage à ce fruit que l’on ne prend plus la peine de regarder dans nos supermarchés. Cette prise de position affirmée de l’artiste résonne comme un avertissement au consommateur que nous sommes. Le sublime nous entoure dans ce qu’il y a de plus simple. De l’organique au minéral, notre planète nous a offert ses trésors et nous les avons exploités avec excès. Le réchauffement climatique n’est plus une chimère mais un fait avéré qui menace l’entièreté de notre écosystème. Le choix d’un travail monumental invoque un changement de perspective de notre regard. A l’instar d’un microscope, nous nous retrouvons confrontés à la splendeur d’une production ordinaire. Sans respect et attention à celle-ci , nous nous mettons intentionnellement en danger. Notre négligence n’est plus acceptable. La perfection des sculptures atteste de l’intime connexion qu’Arnaud possède avec la nature environnante.
www.leilahellergallery.com
www.arnaudrivieren.com