Fred Sandback : l’exposition-événement de la Fondation CAB à Bruxelles

Le voyage des archives de Fred Sandback de New York à Bruxelles

L’exposition « Fred Sandback » à la Fondation CAB de Bruxelles est un événement dont les préparatifs remontent à plus de deux ans. Une occasion précieuse pour voir les travaux de l’important sculpteur américain, alors que ceux-ci restent encore rares en Belgique, où il est représenté par la galerie belge Greta Meert. L’implication de la veuve de l’artiste, Amy Baker Sandback, gardienne de ses archives, et la participation de la galerie américaine David Zwirner offrent aujourd’hui la possibilité de se plonger pleinement dans sa pratique.

Inaugurée en 2012, la Fondation CAB est la création de l’homme d’affaires actif dans l’immobilier et grand collectionneur belge Hubert Bonnet. Depuis l’ouverture de cet espace d’exposition et résidence d’artistes dans un bâtiment des années 1950 rénové à deux pas des étangs d’Ixelles, un quartier prisé de Bruxelles, le lieu est devenu un rendez-vous de choix pour les amateurs et les collectionneurs d’art.

Spécialisée et réputée pour ses expositions d’art minimal et conceptuel, la Fondation CAB a agrandi son champ d’action dans le sud de la France, avec la rénovation par l’architecte Charles Zana d’un superbe bâti datant également du milieu du 20^ème siècle. En 2021, s’est ainsi ouvert la seconde adresse de la Fondation CAB, à Saint-Paul de Vence, près de la Fondation Maeght et non loin d’autres centres d’art français de renom, tels que la Fondation Carmignac et les domaines viticoles du Château La Coste et de la Commanderie de Peyrassol. À terme, la Fondation CAB française accueillera une sélection d’œuvres appartenant à son fondateur Hubert Bonnet.

Les sculptures trompe-l’œil de Fred Sandback : des fils tendus dans l’espace

Un artiste de notoriété qui questionne les liens entre art et architecture

Considéré à juste titre comme le « maître de la ligne » et se présentant à ses débuts, non sans humour, comme « sculpteur conceptuel », Fred Sandback démarre sa carrière jeune. Formé dans un premier temps à la philosophie, puis sur les bancs de la Yale School of Art and Architecture, Fred Sandback évolue librement dans le monde de l’art.

Après une première présentation de ses travaux dans le studio de l’artiste et designer Donald Judd, il se lie d’amitié avec le sculpteur Richard Serra, autre figure emblématique des années 1960. Une période marquée par les débuts du land art et du renouveau artistique aux États-Unis, durant laquelle les matériaux industriels sont employés par les créateurs. Ceux de la génération suivante, comme le Britannique Richard Long, puisent dans les matériaux naturels comme la pierre.

Au contraire des métaux lourds et du bois privilégiés par cette première génération d’artistes minimaux et conceptuels, Fred Sandback préfère la légèreté du fil de laine. Ce matériau le guidera tout au long de sa carrière à succès, à commencer par sa première exposition à l’éminente galerie Konrad Fischer, à l’âge de 26 ans seulement.

Dans l’exposition « Fred Sandback », les volumes amples de la Fondation CAB belge forment le socle d’une partie de cette œuvre, qui repose sur l’utilisation du fil tout comme sur les sensations de vide et de plein qu’elle dégage. Un art qui s’intéresse à la notion d’espace dans toute sa tridimensionnalité et qui doit s’apprécier uniquement à l’œil nu.

La ligne et le dessin, au cœur du processus de travail de Fred Sandback

Pour concevoir ses sculptures composées presque simplement de ces fils, colorés, en acrylique, avec des élastiques voire de l’acier, afin de maintenir l’illusion de sculptures fines et droites sans structure, flottant dans l’espace d’un mur à un autre ou se tenant à la verticale du sol au plafond, l’artiste dessine. Ses dessins s’accompagnent de croquis et de textes explicatifs afin que les galeries, les musées et les collectionneurs puissent « activer » ses œuvres : les assembler et les mettre en place dans le lieu de leur choix.

Ces modes d’emplois avec des instructions précises pour l’accrochage des œuvres (des « protocoles » dans langage de l’art), servent désormais à Amy Baker Sandback afin d’installer minutieusement les expositions consacrées à Fred Sandback en respectant au plus près la vision originale de l’artiste. Une vidéo diffusée à la fin de l’exposition à la Fondation CAB répertorie les principes de l’artiste et rend hommage à son esprit ludique et utopique.

Le dessin est au centre de nombreuses pratiques dans l’Art minimal et conceptuel. Il en témoigne également l’œuvre de Sol LeWitt, Américain contemporain de Fred Sandback, objet d’une exposition rétrospective au Musée Juif de Belgique jusqu’au 1^er mai 2022 : « Sol LeWitt. Wall drawings, works on paper, structures (1968–2002)».

L’architecture de la Maison de la Radio de Belgique comme lieu d’exposition

Des 14 pièces de « Fred Sandback » à la Fondation CAB, certaines historiques, d’autres jamais présentées au public et provenant de collections privées, une se découvre à l’extérieur à deux pas de la fondation, dans un lieu public.

Passionnée d’architecture comme Fred Sandback, Amy Baker Sandback avait tenu à visiter des architectures emblématiques lors de son passage à Bruxelles pour les préparatifs de l’exposition. C’est en découvrant le bâtiment de l’ancienne Maison de la Radio de Belgique située place Flagey qu’elle a été séduit par ces lieux. Sous l’invitation d’Hubert Bonnet, elle a décidé de présenter une œuvre exclusive de 20 mètres de hauteur à l’endroit de la cage d’escalier de ce bâtiment administratif cernés de grandes fenêtres. Un emblème de l’architecture moderniste livré par l’architecte bruxellois Joseph Diongre en 1938.

Un mariage heureux entre l’art et le quotidien d’une architecture auquel aspire l’œuvre librement complexe et étonnamment accessible de Fred Sandback depuis ses prémices.

Fondation CAB
Rue Borrens, 32-34, 1050 Ixelles
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