Le design par Instore : rencontre entre Pierre Hoet et Didier Bindels

Showroom, magasin de mobilier contemporain et spécialiste de l’agencement, Instore est une enseigne belge de premier plan dont les origines remontent aux années 1980. Fondée par Pierre Hoet et Didier Bindels, la boutique de design international est réputée pour ses espaces d’exposition grandioses tout comme sa sélection de meubles et son savoir-faire en architecture intérieure grâce à son équipe de collaborateurs. Entre projets d’intérieurs exclusifs mais aussi gestion du permis de bâtir et construction jusqu’au choix de la décoration et des accessoires pour chaque demande de leurs clients, le duo dialogue au quotidien. Nouveauté cette année, Instore a ouvert un espace dédié au design de Cassina.

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VILLAS Decoration Instore
© Gabriel Lelièvre | Didier Bindels & Pierre Hoet

Qu’est-ce qui vous a réuni ?

Didier Bindels — Notre premier projet. J’ai rencontré Pierre car il était client d’un magasin de hi-fi que je dirigeais à la fin des années 1970. J’intervenais aussi en tant que prestataire pour des intérieurs de magasins en Belgique (peinture, électricité…). À ce moment, l’un de mes clients me demanda de trouver un architecte d’intérieur. J’ai directement pensé à Pierre. Nous nous sommes entendus et nous avons ainsi proposé notre tout premier projet en commun à la boutique de prêt-à-porter Quorum, à Knokke-Heist. Celle-ci accepta. Pour mener à bien cette réalisation, nous avons alors pris contact avec Simonis, à l’époque spécialiste de la rénovation et de l’aménagement intérieur.

Pierre Hoet — Nous nous sommes dès lors rendus compte que nous nous complétions très fortement : Didier du côté la vente et de la gestion, et moi, jeune architecte d’intérieur, du côté de la création.

Comment « l’aventure Instore » a-t-elle démarrée ?

DB — Le père de Pierre, qui était architecte hospitalier, connaissait un magasin de mobilier contemporain d’occasion qui s’appelait Instore et qui occupait une maison de la rue Tenbosch à Ixelles. Un jour, l’enseigne était à vendre et nous avons sauté le pas. Depuis le début de cette aventure, nous avons considérablement agrandi Instore, qui fait désormais 1 500 mètres carrés et occupe trois maisons.

Quelles furent les premières marques que vous avez présentées chez Instore ?

PH — La marque de design italien Zanotta fut l’une d’entre elles, puis Acerbis.

DB — Quand nous avons racheté Instore, leur offre reposait sur du mobilier vintage à vendre de Le Corbusier et Eero Saarinen, parmi d’autres.

PH — Nous avons préféré vendre du neuf. Nous proposions par exemple les modèles de Bonacina, qui étaient abordables, puis nous sommes montés en gamme lorsque IKEA puis Habitat se sont implantés en Belgique. Et très vite, nous sommes devenus des habitués du Salon du meuble de Milan pour repérer les nouveautés…

Quels furent vos premiers clients ?

DB — Belgacom, Texaco et des magasins de vêtements dans les galeries Louise et Toison d’Or pour qui nous signions les aménagements et les scénographies intérieures. Francis Ferent et d’autres ont suivi.

Comment l’aménagement de vos intérieurs personnels s’est-il transformé grâce à votre activité ?

DB — Instore a progressivement influencé mes goûts et a participé à transformer mon quotidien alors que je ne suis pas de ce milieu. Pierre m’a appris l’homogénéité et l’intemporalité dans la conception d’intérieurs ; un sens du classicisme par l’utilisation de monochromes afin d’unifier les espaces.

PH — J’ai fait La Cambre. Mes parents étaient architectes et je vivais dans une maison contemporaine. J’étais donc déjà rompu au métier avant même de m’y impliquer…

DB — Les derniers invités que j’ai reçu chez moi avaient du mal à croire que ma maison a 20 ans.

PH — Ce n’est pas surprenant. Notre crédo est constant et il est de proposer du mobilier et un service d’architecture intérieure qui sont exceptionnels et dont le résultat est intemporel. Nous privilégions les lignes élégantes et les matériaux qui se patinent dans le temps. Le restaurant La Manufacture à Bruxelles est un bon exemple de nos projets qui ont vécu à travers les âges. À l’époque, c’était un investissement pour leurs propriétaires. Aujourd’hui, ils en sont toujours ravis.

Quel est le point fort des services Instore ?

DB — Le service après-vente (nous ne laissons jamais un problème de côté).

PH — Tout comme la sélection de produits et les services d’aménagement sur-mesure… Notre clientèle sait que nous trouvons toujours des solutions à leurs besoins. Ils nous font confiance les yeux fermés.

DB — Pour nos différents chantiers, je me suis toujours occupé de l’aspect technique des choses tandis que Pierre a toujours pris la charge de l’esthétique des chantiers. Je suis toujours passionné par les dernières technologies. La domotique est aujourd’hui centrale dans beaucoup des projets Instore.

 

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Avec quels architectes belges avez-vous travaillé ?

DB — L’agence de Marc Corbiau, depuis longtemps, et Olivier Dwek. Il nous commande du mobilier de temps en temps.

PH — Nous avons aussi rénové des intérieurs d’architectes belges emblématiques comme une maison de la famille des créateurs Sylvie Feron et Réné Baucher, anciens fondateurs de la boutique de design Baucher-Feron.

Quel fut la place du design international en Belgique à vos débuts ?

PH — Les meubles de style en bois massif étaient encore omniprésents et la scène du mobilier contemporain était confidentielle (on parlait alors peu de « design »). Elle représente aujourd’hui une grande part du marché de la vente de mobilier neuf. Notre notoriété a ainsi considérablement augmenté depuis les années 1980. Le public s’est aussi éduqué au design grâce aux magazines et aux expositions.

DB — Toutes les marques que l’on vend sont visibles dans la culture contemporaine : dans les films, dans les séries… Cela participe aussi à l’attrait du mobilier contemporain auprès d’un public plus jeune. D’autre part, ce public est attiré par le design parce que leurs parents se sont meublés avec du mobilier signé par exemple par Charles & Ray Eames. Maintenant, ils ont conscience que ce mobilier est pérenne car il est indémodable et de grande qualité.

PH — Ils achètent pour l’avenir.

Comment répondez-vous aux clients à la recherche de produits aux styles différents que ce vous proposez ?

PH — Nous proposons aussi des marques à part. Certains de nos clients sont parfois à la recherche de design pour aménager leurs intérieurs qui sont à l’écart du style sobre et contemporain qui fait notre succès. L’éditeur italien Edra — que nous apprécions beaucoup — est devenu un must pour ceux à la recherche d’un sofa original pour leur living. Leur fameux modèle Cipria, dessiné par le duo brésilien Fernando et Humberto Campana, a même fait l’objet d’achat de particuliers pour l’aménagement de chambres d’enfants. Cela paraît incroyable alors qu’actuellement, la crise économique que notre société traverse recentre plutôt les besoins vers des pièces classiques et hors modes.

Quelle demeure la place du design contemporain par rapport aux rééditions ?

PH — Elle reste minime car le succès des marques comme Cassina et Knoll reposent essentiellement sur la reproduction des œuvres emblématiques des « maîtres du design » datant principalement des années 1950 et 1960.

DB — La nouvelle génération s’intéresse d’abord à ces classiques et découvre ensuite les productions des nouveaux créateurs : Michael Anastassiades et consors.

PH — En parallèle de cette tendance de fond, la plupart des grandes marques de mobilier contemporain haut de gamme se font progressivement rachetées par des grands groupes ou fusionnent (comme MillerKnoll, union de Knoll et Herman Miller).

La porosité entre mobilier indoor et outdoor est-elle révolue ?

PH — Complètement. L’évolution des matériaux pour concevoir des meubles de jardins résistants, des structures aux revêtements, est telle que tout est désormais possible. Les technologies actuelles ont permis de développer des modèles qui auraient été inimaginables il y a une vingtaine d’années.

DB — 80% de nos ventes de mobilier outdoor haut de gamme se font cependant vers l’étranger car le temps en Belgique ne permet pas de vivre pleinement à l’extérieur. Leurs destinataires sont des clients exclusifs qui ont des résidences secondaires pour leurs vacances à l’étranger, en France sur la Côte d’Azur, en Italie en Sardaigne ou encore dans les Caraïbes à Saint-Barth.

PH — Certains de nos clients les plus fidèles ont aussi des adresses en France ou même au Canada. Ils reviennent chez nous pour une seule chose : la conception d’un projet clé en main avec une vision élégante et solide.