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À la recherche du nouveau paysage de l’immobilier bruxellois
La pandémie et le confinement ont changé la donne au niveau de l’immobilier bruxellois. Le segment d’achat dit moyen (avec terrasse ou jardin) a explosé, affichant parfois +10 % en l’espace de seulement un an. « On note à présent un retour au calme. Après la pandémie, les gens voulaient déménager à grande vitesse, surtout ceux qui vivaient dans des biens sans terrasse ni jardin. Certains ont vraiment souffert au cours de cette période » , explique Jean de Kerchove, administrateur délégué de l’immobilière Le Lion. « J’ai le souvenir d’un couple qui a d’abord été séduit immédiatement par la piscine et le jardin d’une maison avant même de considérer les prestations intérieures de celle-ci, tant le besoin d’un espace extérieur s’imposait à eux. Pandémie ou non, une réalité demeure : le Belge sait se faire plaisir. »
Les biens en attente ont investi le marché de la propriété
Les Bruxellois qui projetaient de revendre ou de déménager rapidement pendant la pandémie, ne l’ont pas fait ou l’ont regretté. « Des biens qui étaient en vente depuis longtemps sont en effet partis au cours de cette période. De nombreux quinquagénaires qui envisageaient de revendre leur bien, en vue de préparer leurs vieux jours, ont été arrêtés net dans leur élan par la pandémie. Aujourd’hui, leurs résidences sont à vendre, ce qui dynamise le marché », explique David Chicard, directeur général chez Sotheby’s International Realty.
Le succès certain des biens haut de gamme et de prestige à Bruxelles
« Les biens de surfaces modérées se sont arrachés lors de la pandémie, et sont aujourd’hui encore très recherchés sur le marché », indique Jan de Kerchove de l’immobilière Le Lion. « La faiblesse des taux d’intérêts y est bien-sûr pour quelque chose. Pour les grandes unités, c’est bien-sûr plus compliqué.» Le constat est le même pour Marie Lambert, cofondatrice de l’agence James Realty : « Les biens de prestige, comme de coutume, ont bénéficié d’une plus grande inertie. Il s’agit d’une constante, mais également d’une particularité belge. En effet, contrairement à Londres ou Paris où les prix peuvent rapidement monter ou descendre, Bruxelles bénéficie d’une plus grande stabilité, ce qui s’avère aussi plus rassurant pour l’investisseur. » La conjoncture a enfin joué en cette période bousculée. « L’immobilier tout comme l’art ont pris de l’ampleur au niveau des investissements. Ces valeurs refuges ont été privilégiées par rapport à la bourse, qui a connu de grandes fluctuations », poursuit-on chez James Realty.
Muriel Moons, directrice d’agence chez Mexx International, tempère cette tendance. « La hausse ne peut pas être généralisée. Elle concerne essentiellement les biens d’une valeur inférieure à 1 500 000 d’euros. Les biens entendus comme haut de gamme (entre 1,5 et 2,5 millions d’euros), ont néanmoins aussi profité de la dynamique du marché, tout comme ceux de prestige (de plus de 2,5 millions d’euros) où l’activité de courtage s’est sensiblement accrue, créant une rareté pour les demeures les plus recherchées. »
Les villas contemporains et les maisons de maître restent les plus recherchées
Chez James Realty, on estime que les biens les plus demandés sont les villas contemporaines et les maisons de maître avec jardins et garages, dont les normes énergétiques ont été mises à niveau. « Les acheteurs n’ont pas envie d’introduire de permis pour d’éventuelles rénovations. Malgré une demande bien supérieure à l’offre, certains biens sont moins sollicités, comme les appartements de grandes dimensions dont le prix est plus important, et ceux qui ne disposent pas d’espaces extérieurs », explique-t-on à l’agence James Realty.
Même affirmation chez l’immobilière Le Lion, où les maisons contemporaines continuent de séduire. « Les villas de style fermette sont en revanche mises de côté par les acheteurs. Le manque de lumière et les plafonds bas n’ont également pas la cote. » Chez Sotheby’s International Realty, selon David Chicard, on estime que l’engouement pour le neuf ou le « tout rénové » serait aussi lié à la crainte d’un nouveau confinement, qui stopperait net toute possibilité de réfection. « Pour la même raison, les acheteurs sont très à cheval sur la présence d’une terrasse ou d’un jardin. Ils ne veulent pas à nouveau se retrouver confinés sans possibilité d’espace extérieur. »
Ixelles, Waterloo, les villes où les acquisitions immobilières suivent les tendances
« On a constaté une forte pression sur Rhode-Saint-Genèse en raison de la baisse des droits d’enregistrement en Flandre, aujourd’hui à 3 % contre 12,5 % pour Uccle, sa voisine directe. Un élément qui joue désormais dans la balance », signale-t-on chez James Realty. Jean de Kerchove évoque également la scission de Bruxelles en deux depuis la fermeture du bois de la Cambre, au début de la pandémie. « Les gens cherchent désormais à acheter d’un côté ou de l’autre du bois en fonction de leurs centres d’intérêt. Ils ont de moins en moins envie de se rendre au centre-ville. Nombre d’entre eux ont même changé leurs habitudes, notamment en faisant leurs courses à Waterloo. La réduction de cinq à trois bandes sur la rue de la Loi nuit elle aussi à la mobilité bruxelloise. L’immobilier a bien entendu été impacté par ces décisions, avec notamment une perte d’intérêt pour certains quartiers du centre, comme le Sablon, autrefois très prisé. »
Chez Sotheby’s, la flambée a surtout eu lieu à Ixelles, Uccle, Rhode-Saint-Genèse et Lasne, tout au moins dans le segment haut de gamme. « Les personnes enfermées en ville se sont ruées sur Lasne et sa verdure », note David Chicard. Mexx International épingle en plus Waterloo et les quartiers de Clairbois à Braine l’Alleud. « À Bruxelles, le Bois de la Cambre, les étangs d’Ixelles, et le Fort Jaco demeurent recherchés car ils offrent un cadre vert et paisible, à proximité des commerces et du centre-ville ».
Hausse des prix et des exigences : l’avenir de l’immobilier bruxellois
Il y a quelques années, le marché de standing bruxellois a connu une hausse des prix vu le nombre grandissant d’expatriés, en particulier des Français, mais aussi des cadres de la commission européenne. « Leur présence alliée à la qualité de la vie bruxelloise, attirent de nombreux expatriés qui s’y installent au départ pour un an ou deux, mais décident ensuite de rester à Bruxelles. Le marché immobilier s’est ensuite stabilisé avec des prix en faible évolution, mais un marché soutenu », observe Muriel Moons de Mexx International. Les projets neufs, quant à eux, se font plus rares en raison de la hausse des prix des matières premières. « Toutefois, leur succès est grandissant car ils offrent une garantie et surtout des finitions énergétiques qui correspondent aux exigences actuelles. »
David Chicard de Sotheby’s International Realty estime que les prochaines élections présidentielles françaises pourraient modifier la donne à Bruxelles. « Si la fiscalité augmente dans l’Hexagone, il est possible que les expatriés français débarquent chez nous et fassent grimper les prix. Ceci dit, mon conseil à tous ceux qui nourrissent actuellement un projet immobilier est de ne pas attendre car le coût de la vie et l’inflation ne cessent d’augmenter. »