Les arches gracieuses de cette manufacture contemporaine, évoquant le galop du cheval, ont été tracées par l’architecte franco-libanaise Lina Ghotmeh. Intégrant une vision sociale et environnementale, dans l’esprit d’une « archéologie du futur », le bâtiment construit sur une friche, intégrant la mémoire du lieu, fait écho aux valeurs de la maison Hermès. Premier bâtiment industriel ayant obtenu le label E4C2, le volume de la structure en bois représente aussi une prouesse technique et architecturale. Sa façade est parée de 500 000 briques en terre cuite locale, provenant d’une fabrique voisine, située à seulement 70 km. Le projet minimise son impact carbone tout en valorisant une tradition régionale et un matériau du cru. Ce dernier offre une palette de tons nuancés, déclinant les rouges et les violets, embellis par la lumière naturelle et ses variations. Le bâtiment HPE, bioclimatique, avec orientation et ventilation naturelle étudiées, autonome en énergie, équipé de larges baies vitrées et fenêtres de toit, laisse généreusement entrer la lumière du jour.
Les besoins en énergie sont assurés par un système de géothermie, avec 13 sondes placées, sous terre, à 150 m de profondeur.
A l’extérieur, avec les terres excavées du chantier, l’architecte paysagiste Erik Dhont a dessiné un parc de 3 hectares, reflétant des valeurs intemporelles et relié à l’environnement vallonné. Il a aussi crée le parking. Le jardin est équipé d’un système de récupération et d’évacuation des eaux de pluie vers des nappes souterraines qui améliore la résilience du paysage naturel. La plupart des arbres endémiques ont été conservés, en préservant la richesse de la biodiversité existante. De leur poste de travail, les artisans peuvent profiter du spectacle de la nature, rythmé par les saisons. La toiture carrée de la manufacture (90 x 90 m) fait référence aux dimensions du foulard emblématique en soie Hermès, de 90 cm de côté. Elle est aussi surmontée de 2 300 m2 de panneaux photovoltaïques. Dans ce projet, tout concourt à limiter la consommation pour l’éclairage, le chauffage et la climatisation.
Au cœur du site, la place des rencontres, conçue comme une place de village, dessine un patio d’accueil et d’échanges. Son espace est marqué par la présence d’une œuvre de l’artiste Emmanuel Saulnier, inspirée du Derby d’Epson, un tableau de Théodore Géricault, exécuté en 1821. Les aiguilles en acier inoxydable, suspendues par des étrivières, réalisées sur mesure par des artisans bridiers de la maison Hermès, figurent des lignes horizontales, évoquant le mouvement des chevaux sous un ciel lumineux d’orage. Elles tissent un lien avec le geste artisanal de la main experte. Le bâtiment de 6200 m2 accueille 280 artisans dont 260 qualifiés dans l’excellence, formés au sein de l’Ecole Hermès des savoir-faire de Louviers, ouverte en 2022. Premier atelier équitation, installé en province, il met en valeur le développement de la polycompétence des artisans de coupe et de table de la maison Hermès, ainsi placée au centre de ce 2ème site du Pôle normand. Après l’ouverture de cette 21ème maroquinerie de luxe, la marque s’est distinguée avec la création d’un autre site dans les Ardennes. Deux agrandissements en Haute-Vienne et dans le Rhône ont eu également lieu en 2023. En septembre 2024, l’inauguration de la maroquinerie de Riom dans le Puy-de-Dôme, celle de L’Isle-d’Espagnac en Charente, en 2025, et celle de Loupes en Gironde, en 2026, perpétueront la transmission d’un métier de spécialisation historique, dans un cadre moderne et durable (hermes.com ; linaghotmeh.com ; erikdhont.com)