Portrait d’Eileen Gray. Photo : © National Museum of Ireland
D’origine irlandaise, Eileen Gray (1878-1976) a apporté des idées fonctionnelles et innovantes dans le domaine de l’aménagement d’intérieur.
Simplicité et audace
A partir de 1925, Eileen Gray s’intéresse à l’architecture avec la réalisation de sa première villa baptisée E-1027, à Roquebrune-Cap-Martin. Accrochée à un rocher, près du cabanon de l’architecte Le Corbusier, ce chantier l’occupe jusqu’en 1929. Conçue pour elle et Jean Badovici, architecte roumain avec qui elle s’associe et vit, cette maison intègre le mobilier, dans l’espace, combinant usages privés et collectifs.
De Stijl Rug, 1920-1935, designed by Eileen Gray. Manufacturer ClassiCon authorised by The World Licence Holder Aram Designs Ltd (classicon.com).
Dans son chantier suivant, la maison Badovici, à Vézelay, en Bourgogne, réalisée de 1927 à 1937, elle dessine des meubles fusionnant avec les volumes, un ensemble de divans, un bar sous l’escalier, des bibliothèques… Dans la tête de lit, sont insérées une veilleuse, une lame de lecture, une table de chevet rétractable… Les petits meubles légers et multifonctions se déplacent, assurant plusieurs besoins en fonction des moments de la journée, préfigurant le mobilier nomade d’aujourd’hui. A la grande époque des voyages, des bateaux de croisière et des transatlantiques, Eileen puise son inspiration dans l’univers des paquebots, des chaises longues façon transat du pont aux fauteuils club revisités du fumoir Au début des années 1930, elle se consacre à la réalisation de sa propre maison, baptisée Tempe a Pailla, à Castellar, près de Menton mais aussi à la rénovation de son appartement parisien et du petit studio de Jean Badovici.
Elle y met en pratique ses notions pionnières de gain de place et de gestion optimale de l’espace. Dans sa dernière réalisation répondant au nom de Lou Pérou, une maison à proximité de Saint-Tropez, elle compense les dimensions réduites de la partie habitable en développant des espaces à vivre à l’extérieur. Tous ces lieux furent le terrain d’expérimentations ludiques et ingénieuses pour créer des pièces de mobilier, totalement inédites, au début du XXème siècle.
Roquebrune Chair, 1926, designed by Eileen Gray. Manufacturer ClassiCon authorised by The World Licence Holder Aram Designs Ltd (classicon.com).
Rivoli Table, 1928, designed by Eileen Gray. Manufacturer ClassiCon authorised by The World Licence Holder Aram Designs Ltd (classicon.com). Photo : © Elias Hassos
Fauteuil Transat, 1927, design Eileen Gray, édité chez Ecart international (ecart.paris).
Adjustable Table E 1027, 1927 ; Bibendum Chair, 1926 : Tube Lignt Floor Lamp, 1927, designed by Eileen Gray. Manufacturer ClassiCon authorised by The World Licence Holder Aram Designs Ltd (classicon.com). Photo : © Elias Hassos
« Une maison n’est pas une machine à habiter. C’est une coquille de l’homme, son extension, sa retraite, son émanation spirituelle », a déclaré Eileen Gray, s’opposant ainsi à la vision dominante de Le Corbusier, qui véhiculait un concept de meubles standard. Ce dernier a réalisé des fresques bariolées sur les murs immaculés de la villa E.1027, alors qu’Eileen Gray n’y résidait plus, dénaturant l’élégance du lieu qu’elle avait conçu comme un écrin graphique.
Composé de lignes droites et de courbes maîtrisées, de structures tubulaires métalliques, en résonance avec l’esprit du Bauhaus, le mobilier, dessiné par Eileen Gray, offre des matières sensuelles et tactiles, des teintes contrastées mais subtiles. Ses créations, témoignant du raffinement et de l’intemporalité de sa signature, celle d’une grande dame de l’Art déco, sont toujours éditées par les éditeurs Ecart International et ClassiCon.
